Après la pluie

Ce projet artistique combine plusieurs médiums entre la mode, l'art et le design.

Après la pluie… le beau temps ? Voici le projet artistique pluridisciplinaire empreint d’optimiste et de poésie que je souhaite mener dans le cadre de la résidence artistique « Création en cours ». L’idée est de réaliser sept costumes aux sept couleurs de l’arc-en-ciel, c’est-à-dire sept combats, sept façon de les voir, de les ressentir, de les interpréter, de les expérimenter. C’est un projet visuel criblé de sens et de symboles que chacun peut interpréter à sa manière. Il s’agit de capter l’attention de manière visuelle, de créer une impression, une sensation, un sentiment. Un arc-en-ciel, cela peut paraître si commun. Mais avez-vous déjà vu un arc-en-ciel humain ?

Je m’interroge sur notre rapport à la couleur et aux vêtements dans notre société occidentale, en me posant la question suivante : Portons-nous un vêtement ou est-ce le vêtement qui nous porte ? Après la pluie propose un regard sur cette question.

Pour les temps de transmission, le projet est conçu en plusieurs étapes avec des moments de partage, de jeu, de découverte et de création. Dans un premier temps, nous allons à la découverte des couleurs car elles nous parlent, nous racontent, nous permet de décoder notre environnement, c’est l’harmonie de la vie. Chacun engage une relation très personnel et unique quand il est question de couleur. Mais qu’est-ce qu’une couleur ? Comment les percevons-nous ? Que représente-t-elle pour nous ? Et pour les autres cultures ? Est-ce qu’une couleur est naturelle ou culturelle (acquis ou inné) ? Quelles couleurs se complètent, dialoguent, se mélangent, se cachent ou se mettent en valeur entre elles ? La couleur crée une ambiance, excite l’œil de l’observateur ou, au contraire, l’apaise. Un choix de couleurs peut se fonder sur des concepts divers, l’essentiel étant qu’il permette de transmettre une pensée. D’après Goethe, les pouvoirs psychiques des couleurs sont reliés à l’éducation, à l’expérience, aussi bien qu’au lent cheminement de l’hérédité et de l’évolution humaine. La couleur intervient sur notre être en vertu de liaisons affectives qui nous viennent du fond des âges, depuis la préhistoire.

Un travail de recherche sur ces questions est réalisé en amont et en parallèle aux temps de transmission avec les enfants afin d’écrire un manifeste.

Pour ce premier atelier autour des couleurs, nous pouvons utiliser le collage pour mieux comprendre les possibilités d’assemblages entre elles. Nous découvrons le disque chromatique puis nous abordons certains effets particuliers du prisme de la couleur, ses composantes, ses complémentaires et ses significations afin d’accorder aux couleurs des superpouvoirs.

Cet exercice consiste à explorer le collage à travers la question de la non-binarité des genres via les 7 couleurs de l’arc en ciel (rouge-orange-jaune-vert-bleu-indigo-violet). À la différence de la peinture ou du dessin, le collage est un art qui ne nécessite pas de talent particulier mais qui permet à tous de jouer avec les couleurs, les formes et les textures. À partir de silhouette imprimées en noirs et blancs, l’idée est d’inventer 7 costumes associés à une couleur de l’arc-en-ciel, en expérimentant l’art du collage et en jouant sur le hasard des formes et des superpositions.

Dans un deuxième temps nous allons à la découverte de l’Upcycling, c’est-à-dire l’acte de découdre et de transformer un vêtement. Les participants doivent former 7 groupes dans lesquels ils choisissent une couleur. Je leur attribue un lot de vêtement de la couleur qu’ils ont choisi et à partir de ça ils doivent les découdre, les découper, les déchirer, les explorer et imager un costume à partir des éléments donnés. Ils peuvent également dessiner ou peindre sur le vêtement. Le résultat n’a pas besoin d’être parfait, il peut être abstrait, chacun laisse libre court à son imagination.

Je souhaite sensibiliser les participants au fait que l’industrie de la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde, il y a trop de vêtements sur terre et il faut repenser un monde où l’on réutilise nos ressources et nos matériaux pour les transformer et leurs donner un nouvel usage. En inscrivant l’upcycling au centre du dispositif créatif de ce projet, je souhaite répondre à la nécessité économique, écologique et sociale de trouver une alternative face à la surproduction de textile. En réutilisant des éléments existants, on ralentit la production de nouveaux produits et donc leurs impacts environnementaux. En faisant perdurer un vêtement, l’upcycling permet une mode durable en opposition à une mode jetable incitée par la fast fashion. Enfin, l’upcycling ne demande pas d’énergie supplémentaire contrairement au recyclage et fait preuve de beaucoup de créativité. L’objectif est d’installer un atelier de couture au sein de l’école afin que tous puissent assister et participer à l’évolution du projet. Les costumes finaux sont réalisés par mes soins.

Dans un troisième temps, nous imaginerons ensemble le scénario du court-métrage. Une restitution des travaux artistiques réalisés par les élèves est présentée à l’école. Une exposition est également programmée dans un lieu culturel et présente les costumes sous forme de défilé, de photographies, de court-métrage et de la présentation du manifeste écrit lors de la résidence.

Sensible au monde qui m’entoure, j’amène avec une touche de poésie un caractère engagé à mes créations. Nous retrouvons également dans mon travail un lien très fort à la couleur.