Archipel de béton

Le projet « Archipel de béton » formule le vœu de restituer aux territoires urbains leurs identités multiples contemporaines, façonnées par les diasporas qui les composent. Les architectures brutales des immeubles, trottoirs et bancs publics sont, en effet, souvent arpentés par des personnes issues de cultures plurielles et éloignées. Si les identités de cette population prennent tout leur sens dans l'espace intime familial, peu de place leur est encore accordée dans l'espace public, ou à l'extérieur de ces mêmes immeubles. Le projet vise alors à décloisonner les identités et les cultures des espaces intimes, afin de les célébrer et les valoriser. C'est-à-dire donner à voir, à palper, les diasporas qui habitent l'intérieur des immeubles, au travers de l'élaboration d'un projet collectif et narratif. En tant que réunionnaise, issue d'un territoire insulaire créolisé par des diasporas historiques, Ambre Maillot souhaite penser la banlieue ou la ville comme une archipel d'identités et de cultures. À l'image de l'archipel des Mascareignes d'où elle est originaire, il s'agit de penser ces territoires sous le prisme du « Tout-Monde » d'Edouard Glissant. Il est question d'explorer les capacités plastiques et graphiques des formes et symboles qui peuvent faire écho à certaines cultures. Il s'agit de dessiner les contours de ces territoires, au travers des motifs sur leurs habits ou la forme de leurs bijoux. Finalement, l'objectif est de créer un objet à partir de ces symboles. Un objet commun, hybride, comme créolisé, prenant sens pour les personnes ayant participées à sa création. Dans le souci d'une pratique située, « pratique-paysage », prenant naissance et forme sur le sol qui l'accueille, le matériau utilisé est celui du béton. Ce dernier fait lien entre tous les territoires qui composent la ville et la banlieue. Il offre également une liberté plastique dans la forme et la couleur, dont les participant.es et la designer pourront faire usage.