Du 26 au 29 novembre 2024, la Cinémathèque idéale des banlieues du monde a été mise à l’honneur à Porto dans le cadre du festival Porto/Post/Doc. C’était la première fois que ce projet traversait les frontières pour se présenter dans sa forme la plus complète à l’étranger. Cette collaboration a permis de mettre en lumière des enjeux sociopolitiques et culturels cruciaux à travers une programmation riche et diversifiée. Voici un retour détaillé sur les quatre séances qui ont marqué cet événement.
Séance 1 - 26 novembre 2024 : L’exil et ses terres d’accueil
La première séance s’est concentrée sur les thématiques de l’exil et des terres d’accueil. Les films, issus du Workshop Jeune Création de la Cinémathèque, ont exploré les réalités et les espoirs des personnes en quête de refuge. Ces récits contemporains ont résonné avec l’oeuvre du cinéaste suisso-portugais Basil da Cunha, dont le travail met en lumière les dynamiques sociales des quartiers populaires de Lisbonne. La présence de Rayane Mcirdi a été l’occasion d’échanger avec le public sur les processus de création et les réflexions liées à ses thèmes de prédilection.
Projections de la première séances :
- La Voix des autres de Fatima Kaci (2023, 30 min)
- Après le soleil de Rayane Mcirdi (2024, 25 min) - en présence du réalisateur
- 2720 de Basil da Cunha (2023, 24 min)
Séance 2 - 27 novembre 2024 : Représentation des quartiers périphériques
La deuxième séance proposait une réflexion sur la représentation des quartiers périphériques à travers plusieurs décennies. Les films choisis, emblématiques de la Cinémathèque, ont illustré la diversité des influences, des formes et des époques. À travers les regards de Maurice Pialat, du Collectif Mohamed et d’Alice Diop, le public a exploré l’évolution des discours cinématographiques autour des quartiers populaires et des luttes sociales. Une discussion approfondie a suivi la projection, offrant une analyse comparative des enjeux passés et présents.
Projections de la première séances :
- L’Amour existe de Maurice Pialat (1960, 21 min)
- Ils ont tué Kader du Collectif Mohamed (1980, 19 min)
- Vers la tendresse d’Alice Diop (2015, 39 min)
Séance 3 - 28 novembre 2024 : Mémoire et territoire
Cette séance a mis à l’honneur le travail du cinéaste Jean-Gabriel Périot. Partant de courts métrages marquants comme 200 000 fantômes (2007, 10 min), le programme a culminé avec la projection de son dernier long-métrage, Se souvenir d’une ville (2023, 109 min). Ce film poignant revient sur les archives vidéo d’adolescents filmant le siège de Sarajevo en 1994 et interroge leur mémoire trente ans plus tard.
Dans un échange captivant avec le public, Périot a partagé son approche documentaire, son rapport à l’histoire et sa réflexion sur le pouvoir des images. La séance a offert un témoignage profond sur la résilience et la créativité face aux tragédies humaines.
Séance 4 - 29 novembre 2024 : Masterclass avec Meryem-Bahia Arfaoui
La dernière journée a été dédiée à une masterclass animée par Meryem-Bahia Arfaoui, réalisatrice talentueuse et engagée. Après avoir suivi des études de droit et de sciences politiques, Meryem-Bahia Arfaoui, originaire de Toulouse, s’intéresse à l’audiovisuel. Elle commence par coanimer une émission dans une radio locale avant de réaliser un premier court métrage de fiction en juillet 2020. En février 2021, elle réalise Les Splendides, film documentaire qui remporte le grand prix du jury du concours Arte, « Et pourtant elles tournent ». Elle rejoint la résidence d’écriture de scénario la Ruche Gindou Cinéma en 2021 où elle poursuit l’écriture d’un court-métrage de fiction, et en 2022, elle fait partie de la première promotion occitane de la Cité Européenne des Scénaristes. En parallèle, elle réalise une série documentaire avec des habitant·es des quartiers nord de Toulouse, Il revient à ma mémoire, produite par l’association Tactikollectif. Depuis et aujourd’hui, elle réalise le documentaire Camionneuse, coproduit par Arte et Les Batelières Productions ; développe une série de fiction, BLOQ ; et prépare un recueil poétique accompagnée par Les Éditions Blast. Cette séance lui a été consacrée, Meryem-Bahia Arfaoui a partagé son parcours, sa pratique, ses intuitions et les rencontres qui ont nourri son travail dans le cadre d’une masterclass.