La surprise était restée entière jusqu’à notre arrivée à l’école. Lorsque nous avons débarqué à l’école des Rosoirs, le 14 mars, aucun des 22 enfants de la classe de CM2 de Pierre ne savait ce qu’on allait fabriquer avec eux. Les dates de notre venue avaient été fixées quelques semaines avant de les rencontrer, grâce à une lettre envoyée par la poste. Nous leur demandions à cette occasion, qui ils étaient, ce qu’ils voyaient des fenêtres de leur classe (des éoliennes! des immeubles ! des champs!) et s’ils savaient ce que pouvait bien être l’objet mystère qui était joint à la lettre.
L’objet mystère était une bande magnétique. Une bande sur laquelle il est possible d’enregistrer du son, des bruitages, de la musique ou des voix. C’est l’ancêtre de la carte SD, du CD, et même de la cassette. Autant dire qu’à 10-11 ans, l’âge qu’ils ont, “l’objet mystère” portait bien son nom.
Pourtant, au cours de ces 7 premières séances, les enfants se sont familiarisés avec beaucoup d’enthousiasme à la bande magnétique et au magnétophone à bande, l’outil qui sert à les lire. L’objectif de nos séances était justement d’inventer le mode d’emploi du magnétophone pour qu’ils soient autonomes et qu’ils puissent s’enregistrer avec et se réécouter.
Pour y parvenir, nous avons observé en dessinant la bande magnétique en mouvement sur le magnéto et nous l’avons aussi mesurée pour se rendre compte de sa taille (c’est plusieurs centaines de mètres déroulées dans la cour de récré). A chaque séance, son lot de vocabulaire technique transmis aux enfants et notamment les termes pour décrire les éléments qui composent une bobine (le support, la bande d’amorce, le collant…) et les verbes pour décrire ses différentes actions (la rembobiner, l'accélérer, l’effacer, l’enregistrer…). Et surtout nous avons beaucoup, beaucoup, beaucoup manipulé les bandes et le magnétophone. Par petits groupes, les enfants se sont relayés au micro et à la technique. Nous imaginions avec eux des exercices rigolos pour apprendre à les connaître et pour qu’ils se familiarisent avec tous ces nouveaux outils.
A la fin de cette première série d’ateliers, ils semblent préférer être aux commandes du magnéto (c’est une responsabilité qu’ils prennent très au sérieux) plutôt qu’au micro. On les comprend ! Et on a hâte de les retrouver pour approfondir leur connaissance et travailler davantage sur la prise de parole au micro ! En route vers la fiction…