Voyage au bout de la mémoire

L’art sur mon chemin est état des choses, le moi vibration et explorateur assumé. J'ai d'abord cru dans la force du je-nous, je-l'autre, la recherche ardente de phrase juste. Les possibilités de l’écart, l’expérience agréable qui fait jouir, qui nous aide à comprendre de façon plus complète l’espace-temps, au moyen de nos sens. C'est d'abord la naissance de la peinture avec des mots, la réalité des formes expressives qui nous transmettent des impressions inconscientes. Mes intérêts se sont vite orientés vers cette envie de sublimer le tabou, de sublimer l'interdit, se faire écho de son silence, écho du silence, écho du dedans et des pulsions, écho de l’intérieur invisible et imprévisible. Cela, bien sûr, a pour but d’activer le spectateur-acteur dans la révélation de ces désirs inavoués, dans la manifestation de son soi, nécessaire à son dépassement.

Voyage au bout de la mémoire est une quête d'émotions, de gestes dans le temps et l'espace, un concept de langage instantané et objet intemporel, s’adressant en premier lieu à l’inconscient plutôt qu’à l’intellect et cherchant à découvrir les dimensions irrationnelles du monde. 

C’est une recherche sur l’imaginaire et la construction du corps dans la société, une préoccupation de la manière dont les chocs, les traces du passé colonial et des régimes d’oppression imposés par les dictatures, comme le silence, les tortures et la terreur, même enfouis dans la mémoire, restent impérissables et visuellement accessibles au cœur, à la mémoire et dans les pratiques actuelles.

L’imaginaire confectionne des données sur les chocs que nous avons subi et nous donnent à repenser l’avenir. Quand nous traversons des lieux liés à la mémoire, nous nommons et dessinons un ressenti, une émotion, un ressassement dans le subconscient, dans l’intérieur devenu visible.

Voyage au bout de la mémoire est une installation audiovisuel  et performance théâtrale autour d'archives, de témoignages ou souvenir communs d'un lieu de blessure qu’aujourd’hui n’existent plus.

l'idée première de ce projet est de restituer l’atmosphère supposer réelle de Fort-Dimanche, ce bâtiment historique devenu prison dans les années 70 à 80, un symbole de la terreur et de la barbarie du régime totalitaire des Duvaliers en Haïti.

C'est une suite de mes réflexions sur le corps, comme mémoire du réel vécu, la finalité est la connaissance de ce qu’on peut nommer la trace du pas, l’empreinte, cette empreinte de l’homme réduit à sa plus simple expression, l’imaginaire.

La possibilité de travailler avec des enfants sur cette création est une chance d’accorder une réflexion simple à cette idée de mise en valeur des patrimoines mémoriels, de construire autour de ce sujet différentes images et canons sonores rappelant des émotions liés à une blessure.