Et si nous donnions aux enfants le temps, l'espace et les outils pour imaginer le monde de demain? Ce n'est pas parce qu'ils sont petits, que leurs idées sont petites!
À l'aide des outils du design thinking utilisés habituellement dans les services innovation des entreprises, il s'agira de permettre aux enfants de s'emparer des problématiques des adultes et de leur permettre de proposer leurs solutions! Pour cela "Les Futurs Grands" permettra à la classe de construire un projet à impact à échelle de leur école/de leur village. Les enfants seront les maîtres du projet !
Ce projet part du constat simple que ce sont les enfants d'aujourd'hui qui vont devoir faire force de créativité (et de courage!) pour résoudre les problèmes liés à l'état du monde que nous leur laisserons demain. Pour cela, il m'a semblé important de leur donner dès à présent cette envie de faire, cette prise de conscience de leur pouvoir et de l'impact de chacune de leur actions.
En effet, j'ai remarqué que bien souvent leurs questions face à des situations qui nous semblent normales sont bien plus profondes que celles de certains adultes à hautes responsabilités. Et leurs réponses à nos tracas sont d'une évidence folle.
"Les Futurs Grands" apporte les outils du design thinking et la méthodologie du mode projet centré utilisateur pour regarder, mieux comprendre et répondre à un problème qu'ils auront eux même identifié dans leur environnement proche.
Forte de l'expérience de designer facilitatrice d'atelier participatifs au sein d'organisations diverses qui utilisent la méthodologie du design thinking pour résoudre des problèmes cristallisés par des années de pratiques silotées, diversifier une offre de service un peu "vieillotte", ou encore projeter un service dans de la prospective, je suis convaincue qu'elle est très simple à mettre en œuvre et peut très facilement s'adapter à un public jeune.
C'est pour cette raison là que je souhaite faire du design thinking un jeu d'enfant, et faire des jeux d'enfants pour résoudre des problèmes de grands.
Car en effet, pour les enfants, l'imagination n'a pas de limite, la création de scénarios impossibles est un jeu, l'invisible, l'irréel est convoqué tous les jours, et c'est d'ailleurs comme cela qu'ils se construisent. Pourquoi les freiner dans cette créativité sans fin, pourquoi s'attacher à les ramener dans notre réalité qui n'est pourtant pas si logique ou belle ?
"Les Futurs Grands" veut prendre en compte la sagesse, le regard, la curiosité, la force de proposition, l'inventivité, la créativité des enfants. Ce projet vise à accompagner les envies de découverte du monde, d'expérimentation, et de bidouille, de se salir les mains, de regarder les petites choses, de se raconter des secrets, d'imaginer un monde génial, de faire des bêtises qui n'en sont pas, d'inventer ses propres règles, de s'amuser, de cartographier des trésors que personne ne considère, d'apprendre en faisant, d'écouter les histoires des grands, de comprendre leur problèmes, de formuler des solutions, et de les créer, de les créer en vrai aussi petites, folles et bancales soient-elles.
"Les Futurs Grands " veut donner un poids aux idées des enfants, et peser dans la vie des grands, le projet veut faire d'eux des citoyens comme les autres en leur permettant de crier/afficher/montrer tout haut ce qu'ils ont compris de notre monde, et surtout de leur donner les moyens pour réaliser leurs projets.
Il s'agira d'explorer et de se nourrir de la méthodologie, et des outils du design thinking pour comprendre et mapper un écosystème existant (cartographier leur territoire par l'exploration physique, émotionnelle, affective, par leur questionnements, par les problèmes qu'ils auront identifié, par la danse, par le dessin, par la récolte, par l'interview... ) autour d'une problématique qui pourra être en lien avec le programme scolaire porté par l'enseignant.e : par exemple le cycle de l'eau/ le patrimoine naturel ou culturel local/ ça veut dire quoi se nourrir ?/ etc...
Puis il s'agira d'imaginer un projet d'abord fou et décalé pour répondre à la problématique que nous aurons choisie (dessins, plans, schémas, maquettes, à échelle réduite ou réelle ...), et enfin, de revenir vers un projet plus viable, et de tenter de le prototyper (maquette, élaboration d'un écosystème serviciel par la transposition en saynètes pour incarner les personnes ou éléments clés...).
L'utilisation des outils du design thinking se fait souvent sous format papier / cartes / post its, il s'agira ici pour moi de les rendre plus ludiques à travers des minis ateliers, et de développer le projet des élèves étape par étape en les incarnant dans un exercice grandeur nature convoquant les capacités créatives des élèves.
C'est à ce stade là, que je souhaite sortir ma casquette "artiste". En effet, ma pratique artistique permet de faire passer le côté très formel et structuré porté par le design thinking vers des recherches plus expérimentales se détachant de toutes contraintes matérielles.
Mon travail sculptural se développe autour des questions d'autoproduction, d'autonomie et de suffisance, pour cela, je fabrique mes matières premières à partir de produits basiques issus en grande partie de la maison (ou de ce que l'on trouve sur place) et détournés de leur fonction premières par exemple des pommes de terres pour faire de l'électricité, du chou rouge pour faire de l'encre, du papier maché pour faire des surfaces, de la terre pour faire des maquettes, des savons pour faire des pinceaux... j'assemble, collecte, cartographie, documente, perds mes sources, entasses les références et les lectures sur le low tech, les communautés autosuffisantes, les wikis, les diy, les fabs labs et autres projets participatifs ... Ma démarche artistique consiste aussi à observer les comportements humains : je demande aux gens de me partager par sms leur bonheurs du jour dans une performance continue appelée "numérisez vos souvenirs", je réferencie les actions altruistes et bienveillantes des gens que je croise dans la rue dans une autre performance appelée les "gens gentils", et enfin, je note les messages inscrits sur les T-Shirts pour voir ce que les gens ont à dire tout haut. Ce travail relève d'une démarche de collecte photographique, sociologique, qui se diffuse sur différents médiums : compte instagram, éditions, séries photos...
Pour moi ces deux activités artistiques se complètent et traduisent un intérêt pour la compréhension du monde qui m'entoure.
Lors de performances quasi invisibles, je convoque la question du groupe, en donnant à chacun un élement qui le lie aux autres, ou en créant des situations de partage ou de communication.
J'espère pouvoir avec ce projet et au travers de la méthodologie du design thinking amener un aspect plus sensible en partageant ces intérêts et ces façons de regarder et agir sur le monde.