La terre, l’homme, le cosmos" propose une réflexion autour de notre rôle sur Terre. Entre le sol et le ciel, nous sommes les cultivateurs de notre environnement. Il s’agit d’un projet pluridisciplinaire mêlant les arts plastiques et la culture en biodynamie. La réalisation, en collaboration avec les élèves, prendra la forme d’une installation dans l’espace extérieur de l’école. Cette dernière sera réalisée en plusieurs étapes suivant sept impulsions thématiques, présentées dans le point suivant. Les élèves participeront activement aux recherches et à la réalisation de l’œuvre, en abordant différentes techniques plastiques. Il s’agira ainsi de créer un nouvel espace de vie végétal, un lieu de déambulation propice à la rêverie où les élèves apprendront à connaître les végétaux qu’ils cultiveront ainsi que les principes de bases de la culture. En parallèle, je mènerai une recherche organisée sur les mêmes impulsions thématiques, qui donneront lieu à plusieurs œuvres sculpturales.
La terre, l’homme, le cosmos", est un projet qui s’inscrit dans mes recherches sur les interfaces et les surfaces de contact (les peaux) tout en dépassant son territoire qui était celui du corps. La particularité de ce projet est qu’il associe, compare et superpose deux disciplines réunies sous le terme de « culture ». D’une part les arts plastiques et d’autre part les principes de l’agriculture biodynamique. "La terre, l’homme, le cosmos" inscrit sa problématique dans l’art vert ou l’art écolo, mais c’est avant tout un projet portant une réflexion sur notre rôle d’interface entre les forces de la terre et celles du cosmos (eau, lumière solaire et lunaire, vent, matières actives minérales et végétales…) et en tant qu’homme cultivateur de notre environnement. Il porte une démarche de sensibilisation à l’environnement et à l’agriculture qui est à la source de notre alimentation.
Pendant l’année scolaire 2017/2018, j’ai participé au dispositif De Visu dans la région Normandie. Ce programme permet aux écoles (collège/ lycée) d’accueillir l’exposition d’un artiste. Ce dernier intervient quelques heures auprès des élèves afin de leur présenter sa démarche et leur proposer un atelier. Le partage et le dialogue étaient toujours riches et stimulants et les créations surprenantes. "Création en cours" est un moyen de réitérer cette expérience enrichissante de manière accomplie en proposant aux élèves un projet collectif sur plusieurs mois.
"La terre, L’homme, Le cosmos" est né des évènements qui rythment mon quotidien depuis peu. Il est aussi le fruit d’une envie de transmettre et de partager.
Je m’investis depuis plusieurs semaines dans une formation agricole afin de prévoir l’avenir de l’exploitation familiale. Les conditions pour la conversion de celle-ci en agriculture biodynamique sont réunies. Cela répond à mes valeurs éthiques et écologique. Je me forme donc aux principes de la culture en biodynamie. C’est en découvrant ses principes et sa philosophie que j’en suis venue à porter un nouveau regard sur le travail de la terre et à faire des liens avec ma pratique des arts plastiques.
"La terre, L’Homme, le cosmos", est un projet de recherche et de création mettant en valeur un patrimoine et une histoire souvent oublié, celui de l’agriculture. Le monde agricole est très controversé aujourd’hui car il fait l’objet de plusieurs débats écologiques, économiques et politiques. Ce travail veut porter un autre regard en donnant à voir un geste sensible, poétique, en lien avec la vie.
Afin d’organiser mes recherches et ma création j’ai défini sept impulsions : "créer des ponts", "s’ouvrir au cosmos", "ne pas rester piégée", "provoquer l’observation", "dissimuler la vie", "emprunter la matière", "sentir la terre".
Ces impulsions, donneront lieu à des recherches et des expérimentations plastiques puis à une série de créations principalement sous la forme d’installations In situ. Il est probable que j’utilise également la photographie argentique et la gravure en fonction des possibilités. Les œuvres seront exposées pour de courtes durées ou seront éphémères. Elles feront donc l’objet d’une documentation par des photographies, dessins, maquettes, résidus, reconstitutions partielles dans un espace d’exposition. Je souhaite que la résidence fasse l’objet d’une édition imprimée et d’un carnet de recherche personnel. En parallèle, les sept impulsions serviront de moteur à la création avec les élèves. Je développerai avec eux chaque problématique en l’abordant d’abord par le dialogue puis en proposant un atelier pratique spécifique dans lequel ils expérimenteront une technique plastique différente.L'objectif est de faire découvrir aux élèves un panel de techniques propres aux arts plastiques mais surtout que ces techniques ne sont pas figées. Elles sont associables à la discipline de l'installation et de l'agriculture biodynamique, dans le fond et la forme. Leurs créations personnelles serviront à l’élaboration de l’œuvre collective. Cette installation extérieure sera un lieu poétique de culture des végétaux, de méditation et de circulation. Il permettra une réflexion sur l’environnement, d’aborder notre rôle de cultivateur à l’échelle du microcosme de l’oeuvre, et d’expérimenter un nouveau rapport à l’espace de circulation dans l’école.
En parallèle, stimulée par nos échanges, je mènerai une réflexion approfondie impulsée par les mêmes thèmes. Ceux-ci me serviront à organiser mes recherches de la manière prévisionnelle suivante :
Créer des ponts : Il s’agira de lier les principes de la culture en biodynamie à ceux de ma pratique sur les interfaces, les peaux. J’aborderai entre autres l’étymologique de ce qu’on appelle « culture ».Ainsi qu’ à l’intérieur de chaque discipline, les ponts, que l’artiste ou le cultivateur engendre, créé, simule. J’aborderai dans cette partie la dialectique entre la culture et la nature. J’expérimenterai l’influence des éléments naturels sur différentes matières pour observer les réactions.
S’ouvrir au cosmos : Entre macrocosme et microcosme il n’y a qu’un pas. Il s’agira dans cette partie d’étudier ce qui définit le cosmos. De quoi est-il composé? Quelles en sont les forces, les énergies, la taille, la forme, l’histoire et les mythes ?
Ne pas rester piégée : Sera une recherche sur l’évolution de la pratique des arts plastiques au contact de la nature en comparaison à celle de la pratique de l’agriculture. Ce travail permettra de s’ouvrir à de nouvelles références et d’approfondir ainsi ma recherche.
Provoquer l’observation : Je concevrai des installations In situ, exposées dans l’espace même de la nature contrôlée : le champ. En privilégiant par exemple les bords de chemins et de routes, elles attireront le regard sur les plaines de cultures. Il s’agira aussi de provoquer l’observation sur divers points précis de l’œuvre, de la biodynamie ou de la nature.
Dissimuler la vie : Protéger, couvrir et dissimuler pour mieux montrer la vie au-delà de la végétation, la vie microbienne, cryptogamique et minuscule.
Emprunter la matière : Il s’agira d’entrer dans une démarche de production respectueuse de l’environnement, d’avoir une réflexion et une pratique en accord avec les valeurs écologique. Aller vers l’utilisation stricte de matériaux naturels, biodégradables, peu transformés, peut-être recyclés, pour un retour facile à la nature.
Sentir la terre : Je devrai dans ce travail m’imprégner du territoire, mettre mes gestes en accord avec la terre, entretenir une relation intime entre la matière naturelle, mes gestes et les formes.
Cette résidence est une opportunité d'évolution pour mes recherches et ma démarche tout en donnant un sens citoyen à mon travail en transmettant et en sensibilisant les plus jeunes à l'art et à l'environnement.
Par le(s) artiste(s)