Mon projet se compose d'une série de dispositifs hybrides, mêlant installation, photographie, film et vidéo, et croise des objets issus des prémisses de la photographie et du cinéma avec des techniques contemporaines de captation et de diffusion de l'image numérique. L'ensemble de ces œuvres fonctionnera comme une remise en jeu et en question de la production et de la diffusion des images mécaniques. Ceci en interrogeant tant notre rapport à ce qui fait image et ce qui fait écran que l'influence du contexte et des modalités de présentation sur notre réception de ces images. Les dispositifs seront conçus au sein de l'établissement et assemblés avec les élèves. Ces derniers participeront également à la réalisation des images, photo et vidéo, qui seront utilisées au sein des œuvres.
Le projet "L’œil dans la machine" sera composé de quatre installations hybridant installation, photographie, film et vidéo, et croisant des dispositifs issus des bases de la photographie et du cinéma avec des techniques contemporaines de captation et de diffusion de l'image numérique. Ses quatre œuvres tout en abordant de manière proche le questionnement du regard et de l'image seront tout à fait distinctes. Ainsi "L'œil dans la machine" sera composée des projets "Vision microscopique", "Présence subliminale", "Des regards projetés" et "La salle des écrans". Vous trouverez un descriptif de chacune de ces propositions ci-dessous. Le projet "Vision microscopique" se compose de microscopes focalisés sur des vidéos full hd projetées par réduction sur des lamelles de verre dépoli. Chaque projecteur sera situé à l'intérieur du socle du microscope. La construction des projecteurs sera à la fois bricolée et technologique, puisqu'ils seront composés d'une optique d'agrandisseur d'occasion et d'un écran rétroéclairé de 5 pouces full HD, un smartphone. Les vidéos diffusées par ces dispositifs joueront avec le changement d'échelle de formes organiques non directement identifiables. Il pourra par exemple s'agir d'une prise de vue zénithale d'une tête en mouvement. Du fait de la miniaturisation les cheveux apparaîtront comme des éléments relativement indéfinis relevant tant de la cellule que de l'animal microscopique. A travers ce détournement d'un objet scientifique, il s'agit en partie d'inviter les élèves à appréhender le regard et ses outils. Ceci dans une forme de liberté propice à l'imagination et en même temps de questionner cette modalité particulière qu'est la présentation scientifique. Comment notre interprétation projette d'emblée des sujets prédéfinis par nos stéréotypes scientifiques. En même temps le caractère bricolé du projecteur sera l'occasion d'aborder la conception et le fonctionnement de celui-ci d'une manière empirique. L'installation intitulée "Présence subliminale" est pensée en lien avec le principe des fantasmagories, ce spectacle en vogue à la fin du dix-huitième siècle, inspiré de la lanterne magique. Mais ici les images n’apparaîtront qu'une seule fois, sans que cela ne soit indiqué aux personnes présentes. La puissance lumineuse du flash permet de réaliser une image visible même de jour dans des zones ombragées. Bien que l'éclair lumineux soit très bref, du fait de son intensité, l'image produite est visible grâce à la persistance rétinienne, elle s'inscrit ainsi dans la mémoire du spectateur comme une sorte d'image subliminale. Ce projet est pour le moment pensé avec des portraits de personnes adultes ou enfants debout sur un fond noir, comme suspendues, flottantes. L'important étant d'être dans une forme reconnaissable travaillée par l'étrangeté. Dans l'espace d'exposition, ces projecteur suivront une programmation électronique et projetteront les diapositives de manière synchronisée. Certains des projecteurs seront directement visibles tandis que d'autres seront dissimulés, ne laissant voir que l'image projetée. L’œuvre "Des regards projetés" se compose de quatre anciens appareils photo dans lesquels sont intégrés des écrans vidéos numériques (smartphone ou tablette). Les appareils deviennent ainsi des projecteurs numériques. Ils projetteront tous leurs vidéos au même endroit et seront synchronisés de sorte à ce que les vidéos se mêlent à certains moments et non à d'autres. Ce renversement de la machine entre regard porté et regard projeté participe d'une forme d'écriture fictionnelle dans laquelle les appareils viendraient s'autonomiser, produire des images pour eux-mêmes. Les vidéos seront réalisées avec les élèves, trois des appareils correspondront à une dominante de couleur (rouge, vert ou bleu), le quatrième diffusera une vidéo en noir et blanc. Enfin l'installation "La salle des écrans", sera composée de dix plaques (environ 30 x 40 cm chacune) de plexiglas dépoli sur lesquelles seront projetées des images proches les unes des autres mais depuis différents médium. Ainsi il pourrait s'agir de prises de vues en vidéo, photo (diapositive) et film super 8 de la cour de l'école ou du collège ainsi que de projections directes de cette même cour (sur le principe de la camera obscura). A travers cette série d'écran il s'agira tant de jouer sur le trouble entre direct et différé que sur le rythme des images (de la vision direct mais renversée de la camera obscura, à l'image par image des diapo, au 18 images par seconde du super 8 ou au 24, 30 ou 60 et plus images par secondes de la projection numérique). Que ce soit en photographie, en vidéo, dans mes installations ou performances, mon travail est construit comme une transformation du réel, et de fait s'adresse à l'imaginaire. Développer ces différents projets en y apportant une part de collaboration avec les élèves et en me confrontant donc à leurs imaginaires m'amène à penser la possibilité de développements inattendus, nourris de ces échanges. Réaliser ces différents dispositifs en les présentant régulièrement aux élèves et ce faisant en me plaçant face à leurs interrogations voire leur scepticisme constituerait une occasion particulière vis-à-vis de la réflexion artistique. Cette rencontre, rendue presque familière du fait du temps passé au sein de l'établissement, est aussi une occasion de se confronter à un regard relativement libre, ingénu et spontané de la part des élèves. En effet en étant présent dans leur école, l'art ne devient plus un élément extérieur validé par une institution mais un biais ordinaire pour regarder le monde, pour l'interroger. De fait, je suis particulièrement motivé par ce projet dans sa dimension de partage et d'enrichissement réciproque du regard. Enfin cette résidence, pilotée par les Ministères de la Culture et de l’Éducation, m'accompagnera dans ma professionnalisation.
Mayenne
Par le(s) artiste(s)
Par les participants