Chantier Parades est en projet marionnettique ; un chantier de construction suprématiste et baroque, où les outils de l'atelier et les engins du chantier sont en grève contre leur fonction habituelle.
Ce chantier imaginaire est construit avec les enfants comme une performance plastique et gestuelle, où les grues portent des paroles, est non des poids lourds ; où les pinceaux et les réglets dansent sur des rythmes obstinés, et les tractopelles chantent des opéras.
Avec ce projet nous aimerions questionner la notion d'utilitaire. Il est né du désir d’imaginer à l’intérieur de nous un immense paysage urbain, de se sentir comme un bâtiment éternellement en construction ; comme une manufacture abandonnée ou une station électrique cherchant à produire du courant. Ou encore, s’imaginer rétrécir jusqu’à la taille d’un clou, qui attend le coup de son marteau.
se reconstruire soi-même ou réparer le monde… ou le silence du monde… ou de se faire démolir en morceaux.
être fardeau, une charge… à essayer de dire…
mépriser et humilier
rire et danser
enterrer …rencontrer l'aube
faire la grève
SPECTACLE
C'est un projet théâtral pour l'espace public, un spectacle marionnettique et chorégraphique avec de la musique baroque et un langage des signes inventé.
Ce projet a pour but de:
… fantasmer sur l'effort humain. Nous voulions créer une métaphore théâtrale de l'effort et du dépassement en utilisant la grue comme un symbole ;
… trouver des liens entre la beauté brutale des grues industriels et la musique baroque d'Henry Purcell ;
… créer un spectacle-événement qui puisse s'adapter à différents lieux publics ;
… créer un spectacle en mosaïque qui pourrait exister sous plusieurs formes : en trio, en duo et en solo … de s'inspirer de la forme d'écriture de la musique baroque pour écrire un spectacle.
LES OUTILS
Nous « possédons » des outils parce qu’ils nous servent tous les jours, ils nous sont utiles. Chantier Parades veut renverser le rapport que l’on entretient avec eux dans la vie quotidienne. Au lieu de les utiliser, les considérer, les approcher comme dans un corps à corps. Nous avons eu envie de détourner les outils par la danse, une série de mouvements gratuits : nous tentons d’attacher à l’outil des sensations qu’il ne connaît pas, la paresse, le plaisir, le temps libre, et de les vivre avec lui. Ils deviennent nos compagnons.
Les relations de diverses natures que nous développons avec les outils interrogent notre rapport au corps. Dans la lutte avec l’objet, dans l’imitation, dans la contrainte que produit sur nous l’objet, nous faisons l’expérience des limites de notre propre corps, des situations dans lesquelles on est, de notre soif de les dépasser. Le rapport de manipulation s’inverse et s’annule - le contact physique avec l’objet nous transforme, et c’est dans la relation avec lui que l’on cherche une manière de dépasser les limites de notre enveloppe.
OBJETS ANIMÉS - LES GRUES INDUSTRIELLES
Voir pourquoi il est toujours plus facile de surmonter quelque chose ensemble, même si le poids d'une personne ne devient pas plus léger.
Les partenaires des acteurs sur scène sont les grues et les outils de travail. Dans la pièce, les grues sont des créatures-protagonistes tout comme des acteurs. Nous sommes intéressés par la construction des relations "acteur-objet" différentes, où la grue peut etre un personnage (dans ce cas, elle est animée ), mais peut aussi agir comme un objet symbole.
Voir pourquoi il est toujours plus facile de surmonter quelque chose ensemble, même si le poids d'une personne ne devient pas plus léger.
LANGUE DES SIGNES INVENTÉE
Tout outil de travail implique un geste car les outils ont été conçus pour les mains, ou pour remplacer ces mains. Il était logique pour nous de supposer que si les machines devaient comprendre le langage, il s'agirait du langage des signes. C'est pourquoi nous avons décidé d'inventer un langage qui serait à la limite de la véritable langue des signes et d'une sorte de chorégraphie. Qu'il y avait une langue audible de la musique de Purcell et une langue des gestes, sur lequel on peut argumenter et encouragés et tenter d'expliquer et traduire les hymnes de Purcell.
En travaillant sur cette partie de la création d'un langage particulier entre les objets, les personnes et le chantier lui-même nous nous inspirons du vrai langue des signes, de sa précision, son expressivité, de son caractère universel. Nous utilisons une sorte de langue gestuelle et corporelle qui naît de la nécessité pour les travailleurs de communiquer avec leurs outils.
LA MUSIQUE BAROQUE
Dans la forme musicale baroque de la fugue, il y a trois voix ou trois lignes musicales, chacune pour elle-même, mais ensemble elles créent tout un mouvement musical continu et harmonieux. Pour écrire la chorégraphie d'un spectacle et la structure même du spectacle, nous nous inspirons de la façon dont les compositeurs baroques structuraient leur musique. Nous aimons beaucoup le principe de la polyphonie, comme une merveilleuse solution pour entendre toutes les voix indépendantes en même temps, sans diminuer le sens de l'une d'entre elles.