Une partition à danser pour la cour de l’école de Mirabel

Qu’est-ce que tu as toujours rêvé de faire dans la cour de l’école?

Publié par Liis Lillo

Journal du projet

“Breton croyait en la possibilité de dessiner des cartes dans lesquelles les lieux que nous aimons fréquenter sont coloriés en blanc, ceux que nous voulons éviter en noir, tandis que le reste, de couleur grise, représenterait les zones où alternent les sensations d’attraction et de répulsion. Ces sensations propres à chaque atmosphère peuvent être perçues, par exemple, en parcourant une rue habituelle, qui “pour peu qu’on y prenne garde, livre des zones alternantes de bien-être et de malaise”.

( Francesco Careri “Walkscapes“)

Les cartes représentent des lieux, les lieux sont faits d’histoires, d’émotions. Penchons-nous un peu sur la cour de l’école de Mirabel. Quand la sonnerie retentit, les enfants déboulent des classes pour parcourir de long en large la cour, leur cour, qu’ils connaissent dans les moindres recoins. Une demi-heure d’envolée avant la prochaine sonnerie pour vider à nouveau l’espace.

Intriguées par leur manière d’habiter cet endroit de l’école, nous leur posons six questions …

Que voit-on depuis l’école?

Qu’aimeriez-vous y voir?

Quel est ton endroit préféré dans la cour de l’école? 

Quel est l’endroit que tu aimes le moins?

Y a-t-il un endroit inquiétant?

Y a-t-il un endroit où tu n’es jamais allé, mais où tu rêves de te rendre?

Qu’est-ce que tu as toujours rêvé de faire dans la cour ?

Leurs réponses donnent l’impression que la cour d’école serait comme une matière déformable. Les réponses des enfants nous laissent entrevoir leur profond attachement à la cour, ses interdits, les histoires qu’ils imaginent sur ses recoins… tous les possibles qu’elle présente. Ils vont même jusqu’à personnifier des endroits, les relier à une personne comme leur instituteur, à un ami.

En classe, nous leur demandons de noter les lieux choisis sur une vue aérienne de la cour d’école imprimée depuis Géoportail. Chacun peut replacer trois points de couleurs différentes sur la carte correspondant au lieu préféré, inquiétant et le moins apprécié.

Une fois dans la cour, nous les voyons prendre à bras le corps ce vaste espace à la vue imprenable. Ils se déplacent dans la cour d’école pour matérialiser ces points par un plot de couleurs différentes, nous les voyons se diriger vers le lieu qu’ils aiment le plus lentement du monde, aller à l’endroit qu’ils aiment le moins le plus vite possible, se rendre sur leur point inquiétant à reculons… pour ensuite, craies en mains, dessiner un graphisme au sol qui correspond à leur ressenti dans chaque lieu. Explosif, joyeux, coloré, vibrant, désespérant, désagréable……

Le sol de la cour de l’école devient une immense carte des émotions qui se lirait comme une partition de danse éphémère. Cette partition invite chacun à improviser de petites danses à partir de leurs dessins fantasques, que la pluie, le vent, et le temps rendront au présent.

collectif Horizon en Mouvement