L'eau rose des salins

2 ∙ Mer rose et montagne blanche

Publié par Émilie Fayet

Journal du projet
Arts plastiques Design Couleur végétale, Teinture textile, Micro-édition

On est mercredi, jour sans école.

Je suis arrivée lundi à Salin-de-Giraud, en train, puis en car, avec mon vélo. Vélo qui va me servir à explorer ce nouveau territoire… Lorsque j'ai appris que j'allais faire mon projet ici, la première chose que j'ai faite (sans doute comme tous les autres), c'est d'avoir regardé des photos du village sur internet. 
De l'eau rose ?! Quoi de mieux pour un projet sur la couleur ? Effectivement, bien avant de venir, j'avais compris que Salin-de-Giraud était connu pour cette couleur, qui l'été, envahit ses salins.

On est mercredi, jour de l'escapade !

J'enfourche mon vélo et je file donc vers les salins, en espérant de voir ce fameux rose. À priori peu de chance, on est en plein mois de février… J'arrive aux barrières des salins et je m'y engage à pieds, car les vélos y sont interdits. Je croise des messieurs, je leur pose deux trois questions. L'un d'eux me donne un peu espoir : « Ils sont encore bien salés ! ». Je les quitte et presse le pas. Et là, sous mes yeux ébahis les salins : grand quadrillage moitié humide, moitié désertique, où la lumière se reflète partout et notamment dans ses eaux ROSES !

Je laisse parler les images pour le reste de l'exploration…

Les corons du quartier Solvay
L'urbanisme de Salin-de-Giraud est surprenant à première vue ! Cette construction quadrillée, typique des villes industrielles et ouvrières du nord de la France témoigne des utopies patronales paternalistes du XIXe siècle et rompt complètement avec l'architecture locale.
Les corons du quartier Solvay

En 1895, le chimiste belge Ernest Solvay fonde un second site industriel dans le village de Salin-de-Giraud, constitué de corons (groupes d'habitations ouvrières, séparés par des jardins) en briquettes rouges et de maisons particulières. Aujourd'hui, on appelle cette deuxième moitié du village « quartier Solvay ».

Les maison du quartier Péchiney

Salin-de-Giraud a été créé en 1856 avec l'implantation de la société Henry Merle, ensuite reprise par Péchiney. Le premier quartier construit, qui prendra le nom de ce dernier, est constitué de maisons particulières en pierres blanches qui le différencient du quartier Solvay.

Rangées de garages
Au bout de chaque rue se trouvent des rangées de garages, des potagers et des écuries. Plein d'écuries !
Logo des Salins du Midi
À l'époque, les saliniers des Salins du Midi récoltaient le sel et les ouvriers des entreprises Solvay et Péchiney travaillaient à sa transformation en carbonate de soude. Aujourd'hui, le sel sert essentiellement pour le déneigeage.
Portes de garages des salins
Portes de garages des salins
Les salins roses
Les bâtiments désaffectés des salins
Au milieu de ce décor désertique trônent d'anciens hangars désaffectés, où l'on peut encore voir quelques traces de vie…
Crâne d'animal
Ou de mort…
La salicorne en hiver

En hiver, la salicorne : plante native qui supporte très bien le sol salé, a la même couleur que les salins. Joli hasard ? 

L'eau dorée des tranchées salines
L'eau dorée des tranchées salines
Les salins asséchés
Les salins
Canaux
Les canaux du village sont bordés de roseaux et irriguent l'eau douce du Rhône.
Sansouïres
En direction des camelles de sel, je traverse les sansouïres : milieu inondable couvert de sel, de salicornes, de soudes et de saladelles.
Sansouïres
Sansouïres et camelles de sel
Depuis le « Point de vue du sel », on aperçoit les camelles : montagnes salées qui ressemblent à la banquise.
Camelles de sel
Efflorescences de sel
Efflorescences de sel
Les salins