"J'ai trouvé que c'était magifique…"
…"magique et magnifique."
Quel espace étrange qu'un labo photo. D'abord on y voit rien. Puis les yeux s'habituent à cette pénombre colorée. Sous la lumière inactinique le blanc devient rose, les objets plus lointains. L'espace change ; le temps aussi. On se rend compte de la durée d'une seconde. Insolation. L'image qu'on a composée nous apparaît comme pour la première fois. Révélateur. Il y a toujours une inquiétude : l'image n'apparaît pas. Enfin, pas tout de suite. Pourtant on sait qu'elle est là, latente. Comme une diversion on égraine les minutes, on profite du toucher particulier du papier dans l'eau des bacs, on discute des odeurs, du plastique... L'image arrive. On se tait. Et l'inquiétude reprend. On y voit rien. Est-elle trop claire, trop sombre, assez contrastée? On passe au bac d'à côté. Bain d'arrêt. Il est rouge, ça change tout à ce que l'on perçoit. Le trouble s'installe plus profondément. Que voit-on exactement? Le développement provoque un suspend. Fixateur. On retient presque sa respiration, jusqu'à ce qu'enfin on rallume la lumière.
